Notre-Dame-de-Sous-Terre

L’époque mégalithique

 

 

De la fin du paléolithique, c’est-à-dire vers – 10 000, au néolithique de l’Europe occidentale, c’est-à-dire vers – 5 000, les témoignages artistiques anthropomorphiques manquent à peu près totalement. C’est seulement au cours du IVe millénaire qu’ils réapparaissent dans le cadre de sociétés en pleine mutation où l’on passe du nomadisme au sédentarisme, de la cueillette et de la chasse à l’agriculture et à l’élevage. Cette mutation est en fait une profonde transformation des modes de vie, due en grande partie à l’évolution du climat et à la possibilité de vivre et de survivre, surtout dans les régions atlantiques, dans des conditions parfaitement acceptables. Mais curieusement, si les modes de vie sont transformés, il ne semble pas que les idées directrices aient fondamentalement changé : et l’image de la Déesse des Commencements va resurgir, certes réinterprétée selon de nouvelles normes, mais absolument identique à son schéma primitif, qu’on serait même tenté de qualifier d’« initiatique ».

Il est difficile, vu le manque d’informations à cet égard, d’imaginer quel fut l’état d’esprit des populations du néolithique, même si l’on parvient, grâce au perfectionnement des techniques de fouilles archéologiques, à reconstituer plus ou moins fidèlement leur vie quotidienne. Mais l’étude des monuments mégalithiques, qui caractérisent la frange atlantique (et une petite partie du rivage méditerranéen) à cette même période, permet d’émettre de sérieuses hypothèses quant à une religion de type spiritualiste très évolué. Car ces monuments sont des témoignages irréfutables, non seulement de rituels funéraires, mais de conceptions métaphysiques d’une grande élévation. L’architecture, la répartition géographique et l’ornementation graphique de ces monuments sont en effet révélatrices d’un système de pensée parfaitement cohérent et d’une permanence remarquable de la notion de déesse mère protectrice des vivants et des morts : cette antique divinité imprègne d’une façon ou d’une autre ce qu’on appelait autrefois les dolmens et qu’il vaudrait mieux nommer cairns ou tertres mégalithiques.

On a longtemps cru que ces dolmens, dont on voit souvent les pierres se dresser en quelque lande désolée, étaient uniquement des tombeaux. Incontestablement, ils ont été des sépultures individuelles ou collectives, selon leurs dimensions et leurs formes, mais on a trop oublié leur autre fonction, celle de sanctuaires. C’est d’ailleurs une constante, très flagrante au Moyen Âge, que les temples soient à la fois des lieux d’inhumation et des lieux de culte : les grandes églises de la chrétienté ont été souvent bâties sur les tombeaux des saints et des martyrs pour bénéficier de l’aura mystique qui entourait ces saints personnages et, de toute façon, on y enterrait les personnages illustres – et privilégiés – parce que l’opinion prévalait, et prévaut toujours, que l’éternité est garantie lorsque le corps repose dans un lieu sacré. Il n’est donc point surprenant de rencontrer dans les tombeaux sanctuaires que sont les dolmens et autres tertres mégalithiques des représentations de la Grande Déesse des Commencements, celle qu’on appelle, en langage archéologique, la Déesse funéraire néolithique. Mais elle n’est pas seulement funéraire, elle est également « source de vie », comme l’indiquent les diverses nuances qui accompagnent sa représentation.

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